

Le chien de protection

Son rôle


Il s'agit d'un chien. Il est donc carnivore (à dominance omnivore) et possède des sens de l'odorat et une ouïe très développés. C'est avant tout un animal social. De type "molosoïde", c'est un chien de très grande taille sélectionné depuis très longtemps pour un but précis : dissuader tout intrus de s'approcher du troupeau. Pour cela, il passe par plusieurs phases : la vigilance, l'alerte, la dissuasion et si besoin l'attaque. Afin de permettre une protection optimale du troupeau, le chien développe un lien social très fort avec les animaux qu'il protège. Il arrive qu'il puisse défendre un territoire, mais il va surtout défendre "ses" animaux contre d'éventuelles menaces.
D'ailleurs, de part sa promiscuité avec le troupeau, d'autres comportements très intéressants pour l'éleveur sont parfois observés : détection des animaux malades, protection d'un animal blessé contre les prédateurs, etc. Le chien de protection va être bien plus qu'un simple protecteur du troupeau : il va faire partie intégrante de ce dernier, un réel compagnon pour les bêtes mais également pour l'éleveur qui va aussi développer des liens avec lui. Il fait partie de la ferme au même titre qu'un chien de conduite de troupeau.
Les qualités recherchées chez le chien de protection


Le chien de protection doit avoir certaines qualités afin d'effectuer un travail efficace. Les qualités recherchées sont directement liées à la génétique, mais surtout au travail de l'éleveur au quotidien ainsi qu'un environnement adéquat dans les premières années de vie du chien. Tout d'abord, le chien de protection devra protéger le troupeau. Il devra être suffisamment dissuasif contre les intrus, mais adapter sa réaction selon la menace. Sa réaction ne sera pas la même si des randonneurs passent près du troupeau sur un chemin, que si un prédateur s'approche du troupeau. Evidemment, il n'y a pas de réaction "type" car nous travaillons ici avec du vivant. Chaque chien appréciera la menace selon sa génétique, sensibilité, son expérience, son âge... la qualité recherchée ici étant le discernement et une réaction mesurée en cas de dérangement n'impactant pas le troupeau. Mais pour que la cohabitation se passe bien, le randonneur devra aussi se plier au comportement adéquat à avoir en présence de chiens de protection décrit sur les panneaux.
Une autre qualité recherchée est la fixation au troupeau. C'est à dire que le chien doit rester avec les animaux qu'il protège. Son lien étroit avec les brebis apporte un sens à ce qu'il fait, à ce qu'il défend. Ce lien essentiel se fait pendant les premiers mois de sa vie. Il doit surtout respecter ses congénères. Les codes canins ne sont pas présents chez les brebis. Le chien devra inhiber son envie de jeu, de poursuite avec les animaux. Pour cela, l'éleveur doit absolument être présent au quotidien pour reprendre le chiot si besoin.
Le chien de protection devra être également touchable. C'est à dire qu'il ne devra pas être agressif avec son maitre, et d'autres personnes en cas de soins vétérinaires par exemple. Cela passe par de nombreuses manipulations courtes mais quotidiennes faites par son maître.
Les troupeaux devant cohabiter avec des activités de pleine nature, un important travail de socialisation et de rencontres de multiples situations doit être fait, mais pour autant, le chien doit garder le lien avec les brebis. On peut montrer fréquemment des humains au chien par exemple sans pour autant le faire caresser à outrance.
Enfin, le chien de protection devra aller si besoin à la confrontation avec le prédateur. Si la dissuasion ne suffit pas dans un premier temps, le chien devra être capable de protéger ses brebis.
L'importance de la meute

Le chien de protection est avant tout un animal social. Il travaille en meute : les chiens sont alors complémentaires et peuvent travailler "en relais". En cas de pression de prédation, ce travail en meute est essentiel à une bonne efficacité de protection. Le nombre de chiens sera adapté en fonction du nombre de brebis, de la pression de prédation, de la taille et embroussaillement des zones pâturées...
Les races de chien
Plusieurs races de chien sont utilisées traditionnellement par les éleveurs. La race la plus rencontrée est le montagne des Pyrénées, dit "Patou". Il s'agit d'un chien de grande taille, à dominance blanche, avec un poil long. Ce chien est utilisé en France pour son rôle de dissuasion.
Cependant, en France une race devient de plus en plus fréquente : le Kangal.
On parle souvent de différences de tempérament en comparant les races. Le Patou serait plus dissuasif que le Kangal qui irait plus à l'attaque par exemple. Il faut prendre tout cela avec beaucoup de précaution, la différence étant parfois beaucoup plus importante à l'intérieur d'une même race qu'entre deux races.
Le chien est d'abord un individu, et le chien de protection aura le comportement issu de sa génétique, de l'éducation de son maître, de la présence d'adultes ou pas dans la meute, du contexte environnant de la ferme.
Le chien de protection dans le Massif Central
Le renouveau de leur utilisation dans le Massif Central est plutôt récent comparé aux Alpes ou Pyrénées qui ont été confrontées plus tôt au retour du loup.
Depuis quelques années, la répartition du loup s'étend petit à petit dans le Massif Central.

Un chien de protection met 2 à 3 ans afin d'être opérationnel. Autrement dit, le jour où le troupeau est attaqué, il est déjà trop tard. Un troupeau non protégé qui est attaqué, ce sont de grosses pertes en conséquence.
D'où la nécessité pour l'éleveur d'anticiper l'acquisition du chien de protection avant d'être confronté aux attaques, la priorité étant de préserver ses animaux.
Cependant, lors d'une pression de prédation importante, l'éleveur devra coupler aux chiens de protection d'autres mesures : présence, parcs de nuit, filets, clôtures adaptées, etc.

